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14 avril 2021

Les petits oiseaux

Aller chercher dans tel ou tel de mes vieux bouquins des références ayant trait à l’environnement et sa protection était une gageure : Jusqu’au XIXème siècle inclus, la thématique brille par son absence … encore que !

 

« Encore que » car il y a, par exemple, JP Mazaroz qui, vers la fin du XIXème siècle plaide entre autres pour la protection, voire la réintroduction des « petits oiseaux ». On en trouve abondamment mention dans son « Destruction du phylloxéra de la vigne par l’hygiène naturelle » dont la seconde édition remonte à 1979.
Mazaroz est affirmatif : « La destruction complète du phylloxéra de la vigne, qui est un insecte nuisible absolument étranger à nos climats, doit se faire et se fera :
1° Par la cessation absolue de la destruction des petits oiseaux et de leurs nids, œufs et petits dans toute la France.
2° Par la culture et le traitement économique de nos vignobles au moyen des engrais amers insecticides à bon marché (décomposés et rendus à la végétation au moyen de la chaux ou de ses dérivés) que la nature fournit partout à l’homme dans des proportions de beaucoup supérieures aux besoins de toute l’agriculture.
 ».
L’idée est sympathique. Mais force est de constater qu’elle n’a pas fait la preuve de son efficacité. Il faut dire que certains de ses postulats de départ sont un peu … « aux oiseaux » ?



« En Amérique, par exemple, presque toutes les vignes sont plus ou moins habitées par cet insecte parasite [le phylloxera], mais elles ne périssent pas, elles végètent toujours ; en un mot, sans mieux se porter pour cela, les vignes américaines vivent en assez bonne intelligence avec le phylloxéra.
Cette vie commune des deux plus grands ennemis que l’on connaisse dans l’histoire de la nature représente l’un des motifs de cette étude ; elle va, en effet, nous mettre sur la voie des moyens à employer pour chasser cet insecte nuisible des vignobles de notre pays
.».

 

Puis, plus loin :

« les Américains ayant reconnu que la destruction des petits oiseaux dans un pays représente en quelque sorte le suicide de son agriculture, ont fait des lois et ordonnances qui punissent de la prison et de l’amende ceux qui détruisent les petits oiseaux ou même leur font le moindre mal. Aussi, dans toutes les villes de ce pays, les petits oiseaux habitués à être respectés viennent en quelque sorte manger dans votre main.

Les gouvernants américains continuent le maintien de ces sages ordonnances parce qu’ils sont convaincus que l’oïdium, la pyrale, le gribouri, la nielle, la maladie des pommes de terre, le charbon des céréales, ainsi que toutes autres maladies de la vigne, y compris le trop célèbre phylloxéra, ont pour cause principale et même fondamentale la proportion infiniment trop petite des oiseaux dans les campagnes d’un pays. ».

D’ailleurs :
« Les pestes, les choléras ainsi que les typhus n’ont jamais eu d’autres causes que l’absence des oiseaux et la négligence des populations qui laissent pourrir à l’air les cadavres des gros et petits animaux. ».

Bref :
« Il faut donc repeupler de suite et généralement la France de petits oiseaux » car « les petits oiseaux à bec fin voient et détruisent non seulement les insectes microscopiques et volants comme les femelles du phylloxéra, mais encore toutes leurs larves, pupes et cocons qu’ils ramassent adroitement avec leurs petits becs comme de petites gouttes de crème sur les bourgeons et bulbilles des végétaux, ainsi que sur les écorces, sarments et même sur les feuilles de la vigne. ».

 

Merci à André Fuster, "ami des oenologues de Bordeaux", membre de la commission technique, auteur du blogVitineraires .